Nu sous la treille fut peint par Henri Lebasque au milieu des années 1930. Le sujet, la composition et la palette de cette œuvre révèlent les liens étroits de l'artiste avec ses contemporains Édouard Vuillard et Pierre Bonnard, fondateurs du groupe des Nabis, un courant intimiste centré sur la sérénité tranquille de la sphère domestique. L’intimisme, un terme qui décrit au mieux la peinture de Lebasque, renvoie à ces sujets domestiques proches, superbement interprétés par Bonnard et Vuillard, de manière à transmettre la nature personnelle de leur regard, tout en évoquant la familiarité universelle du foyer et de la famille. On retrouve dans les œuvres de Lebasque un sentiment de calme, une célébration de la plénitude et de la richesse de la vie. Dans ses scènes paisibles de jardins et de plages, de terrasses et de tables dressées, Lebasque représente souvent les siens, mais avec une sensibilité qui touche à une idée plus large de la réunion familiale et de l’attachement.

Nu sous la treille illustre parfaitement cette vision. Dans un cadre intime, baigné par la lumière filtrée d’une tonnelle feuillue, une figure féminine nue est représentée dans un abandon tranquille. Bien que cette pose ne fasse pas ici référence à un motif sculptural antique spécifique, l’atmosphère paisible que Lebasque évoque dans cette scène est profondément enracinée dans les mouvements artistiques contemporains à son exécution. La vision de la vie de Lebasque le conduisit à se concentrer sur des scènes domestiques intimes et des compositions en intérieur serrées. Il fut salué comme le peintre de la "Joie et de la Lumière" par les critiques d’art et les conservateurs du Louvre à la fin de sa vie. Mais les préoccupations premières de Lebasque concernaient l’expression simple de la sensualité des surfaces.

Dans cette œuvre, les textures riches de couleurs et de motifs, dans les feuillages, la lumière tamisée ou les objets présents, créent un cadre vibrant et intime, empreint d’un sentiment évocateur si caractéristique de Lebasque et de ses contemporains intimistes. Cette peinture lumineuse, telle une ode à la joie de vivre, déploie ainsi tous ses charmes pour séduire les amateurs d’art et de douceur méridionale. Figure emblématique du postimpressionnisme français, Lebasque insuffle dans ses œuvres une atmosphère de quiétude estivale, comme un avant-goût de vacances, fait de lumière, de chaleur et de sérénité.

La scène se déroule dans un cadre intime et apaisé, baigné par la lumière tamisée d’une treille abondamment feuillue. Son abandon tranquille à l’ombre des pampres suggère la plénitude d’un moment suspendu. Difficile de dire précisément où la toile a été exécutée, sans doute quelque part dans le Sud, cette terre d’adoption qu’il découvre dès 1906. Peut-être à la villa Demière, louée à Saint-Tropez sur les conseils de son ami Manguin, où son épouse posa pour les premiers nus. Peut-être aussi dans les maisons de Sanary ou Sainte-Maxime, lieux de villégiature familiale, avant l’installation définitive au Cannet en 1924, à proximité de Bonnard.
Qu’importe finalement le lieu : l’esprit est là, vibrant de lumière et de tendresse. Sur la table, une nature morte savoureuse composée de grappes de raisin, de pêches mûres et d’une carafe translucide évoque la gourmandise simple des jours heureux. Les tons pastel, vaporeux, caressent la toile d’un souffle léger, et chaque élément semble baigner dans une atmosphère d’harmonie et de calme. Ce tableau ne capte pas seulement une femme au repos : il incarne un art de vivre, une intimité partagée entre le modèle et le peintre, entre l’homme et la nature. Un hymne à la douceur, au plaisir simple, à l’éclat du Sud que Lebasque n’a cessé de célébrer dans sa peinture