Cette nature morte de 1908 s’inscrit dans la période de jeunesse d’Arthur Segal, alors âgé d’une trentaine d’années. L’œuvre illustre déjà l’intérêt naissant de l’artiste pour les recherches sur la lumière, la couleur et la structure picturale, des caractéristiques qui marqueront son parcours ultérieur.

Dans cette composition, Segal adopte une approche pointilliste rigoureuse, influencée par le néo-impressionnisme français, notamment par Georges Seurat et Paul Signac. Les objets, une théière accompagnée de deux tasses, sont traités avec une minutie chromatique où les petites touches de couleur juxtaposées vibrent à distance pour reconstituer formes et volumes. L’ombre portée sur le mur, traitée avec la même précision, accentue l’effet de relief tout en affirmant une forte cohérence formelle.

Au-delà de l’exécution technique, cette œuvre témoigne d’une réflexion sur la simplicité et la sobriété des sujets, typique des expérimentations modernistes du début du XXe siècle. Elle traduit également le souci de Segal de transcender le réalisme descriptif au profit d’une vision plus analytique, presque scientifique, du réel.