
FRANCIS PICABIA 1879-1953
Paysage, 1909
Pastel sur papier
25,5 x 32,5 cm
Cette œuvre sera incluse dans le Catalogue Raisonné de l'Œuvre de Francis Picabia actuellement en préparation par le Comité Picabia. Avis d'inclusion en date du 26 mars 2024.
Signé et daté en bas à droite : Picabia ; 1909
Réalisée en 1909, l’œuvre Paysage marque une étape charnière dans le parcours de Francis Picabia. Ce pastel témoigne du tournant décisif amorcé par l’artiste à la sortie de la période...
Réalisée en 1909, l’œuvre Paysage marque une étape charnière dans le parcours de Francis Picabia. Ce pastel témoigne du tournant décisif amorcé par l’artiste à la sortie de la période impressionniste, et illustre ses premières expérimentations avec les codes de l’avant-garde du XXe siècle. Jusqu’alors proche de l’héritage de Sisley et Pissarro, Picabia choisit délibérément d’interrompre la voie prometteuse de la peinture impressionniste pour s’engager dans une quête plus personnelle : celle de l’émotion, de la sensation intérieure, et de la liberté formelle. Cette rupture s'inscrit dans une crise artistique documentée par son biographe William A. Camfield, qui souligne que l’hiver 1908-1909 fut le point de départ d’une recherche radicale de nouveaux langages plastiques, guidée par le refus des conventions esthétiques.
Le mariage de Picabia avec Gabrielle Buffet en janvier 1909 joue un rôle déterminant dans cette réorientation. Élève du compositeur Vincent d’Indy, puis de Ferruccio Busoni, Gabrielle encourage l’artiste à penser la peinture en termes d’expression subjective, au-delà de la simple restitution des effets de lumière. Interrogé par sa nouvelle épouse sur ce qu’il peindrait en dehors des paysages impressionnistes, Picabia répondra : « des formes et des couleurs libérées de leurs attributs sensoriels – une peinture située dans l’invention pure, qui recrée le monde des formes selon son propre désir et son imagination ».
Dans Paysage, cette ambition prend corps. La représentation de la nature est ici filtrée à travers une grille formelle issue du néo-impressionnisme et du fauvisme. Les arbres, la lumière et les plans du sol ne sont plus observés comme des phénomènes optiques, mais réinventés comme une série de formes géométriques, assemblées en aplats de verts, jaunes et rouges. Cette abstraction naissante, inspirée des recherches des Nabis et de la Section d’Or, tend vers une nouvelle spiritualité de l’image, semblable à celle poursuivie par Kandinsky à la même époque à Murnau. Dans cette composition où l’on perçoit encore les traces d’un motif réel – un coin de campagne française – tout est déjà réinterprété par la subjectivité de l’artiste. Le paysage devient un prétexte à l’expérimentation, un espace où le regard se libère de la mimesis pour explorer l’équivalence entre forme, couleur et émotion. Picabia n’essaie plus de représenter la nature, mais de transmettre ce qu’elle lui fait ressentir. Cette œuvre, anticipe l’ensemble des développements stylistiques de Picabia au cours des années suivantes. Elle incarne cette période fondatrice où l’artiste amorce son émancipation des courants établis, pour devenir, au fil du temps, l’une des figures majeures de l’art moderne — inclassable, radicale et toujours en mouvement.
Le mariage de Picabia avec Gabrielle Buffet en janvier 1909 joue un rôle déterminant dans cette réorientation. Élève du compositeur Vincent d’Indy, puis de Ferruccio Busoni, Gabrielle encourage l’artiste à penser la peinture en termes d’expression subjective, au-delà de la simple restitution des effets de lumière. Interrogé par sa nouvelle épouse sur ce qu’il peindrait en dehors des paysages impressionnistes, Picabia répondra : « des formes et des couleurs libérées de leurs attributs sensoriels – une peinture située dans l’invention pure, qui recrée le monde des formes selon son propre désir et son imagination ».
Dans Paysage, cette ambition prend corps. La représentation de la nature est ici filtrée à travers une grille formelle issue du néo-impressionnisme et du fauvisme. Les arbres, la lumière et les plans du sol ne sont plus observés comme des phénomènes optiques, mais réinventés comme une série de formes géométriques, assemblées en aplats de verts, jaunes et rouges. Cette abstraction naissante, inspirée des recherches des Nabis et de la Section d’Or, tend vers une nouvelle spiritualité de l’image, semblable à celle poursuivie par Kandinsky à la même époque à Murnau. Dans cette composition où l’on perçoit encore les traces d’un motif réel – un coin de campagne française – tout est déjà réinterprété par la subjectivité de l’artiste. Le paysage devient un prétexte à l’expérimentation, un espace où le regard se libère de la mimesis pour explorer l’équivalence entre forme, couleur et émotion. Picabia n’essaie plus de représenter la nature, mais de transmettre ce qu’elle lui fait ressentir. Cette œuvre, anticipe l’ensemble des développements stylistiques de Picabia au cours des années suivantes. Elle incarne cette période fondatrice où l’artiste amorce son émancipation des courants établis, pour devenir, au fil du temps, l’une des figures majeures de l’art moderne — inclassable, radicale et toujours en mouvement.
Provenance
Adèle Coache et Gilles Marque-Coache, France.Collection privée, France.
Vente Martin et Associés, mars 2025.
Exhibitions
Salas Pablo Ruiz Picasso del Ministerio de Cultura, Madrid, Francis Picabia, 29 janvier - 31 mars 1985.
Nîmes, Musée des Beaux-Arts, Francis Picabia, 11 juillet – 30 septembre 1986.
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