Louis Ritman naquit dans une famille de tailleurs et tisserands juifs à Kamenets – Podolsky, au sud – ouest de la Russie. Vers 1900 la famille émigra à Chicago, son père trouva du travail dans les textiles et Louis devint apprenti chez un peintre d’enseignes. Il débuta sa carrière d’artiste à la School of the Art Institute de Chicago puis à l’académie des Beaux-Arts de Pennsylvanie.
Sur le conseil de Lawton Parker, un peintre de Chicago introduit dans le milieu artistique français, Ritman décida d’étudier et de travailler à Paris. En 1909, il s’inscrivit à l’Académie Julian et fut accepté la même année à l’école des Beaux-arts. En 1911, Ritmann découvrit Giverny avec les peintres Richard Emil Miller et Frederik Carl Frieseke. Séduit par le lieu il décida d’y passer tous ses étés pendant plus de vingt ans. Au cours de ses deux premières années en France, Ritman exposa régulièrement aux Salons de Paris. La critique positive dont Ritman bénéficia tout au long de sa carrière est attribuée aux toiles ensoleillées, impressionnistes qu'il réalisa à Giverny dans les années 1910. Des 1911, la petite commune comptait de nombreux artistes américains qui affluaient pour peindre la région, avec ses saules le long de l'Epte, ses maisons aux toits de chaumes et ses jardins. Il n'est pas étonnant que Ritman, comme tant d'autres avec lui, fut enchanté par Giverny, qui, plus que tout autre lieu, semble posséder un pouvoir magique puissant pour séduire les Américains.
« La Baigneuse » est un parfait exemple des œuvres réalisées par l’artiste en France. Peinte en 1914, à l’apogée de sa carrière, elle montre comment Ritman à adapté le style tendrement érotique du Salon au style impressionniste de ses compatriotes Frieseke et Miller. Cette seconde génération de peintres américains à Giverny partage leur désir de peindre la figure féminine en extérieur, en pleine lumière ou dans des intérieurs intensément colorés. Dans le présent tableau, Ritman représente une jeune femme nue en train de s’essuyer paisiblement au bord d’une rivière. Le paysage qui l’entoure se compose exclusivement de petites touches de couleurs bleues, vertes et jaunes, enchevêtrées les unes sur les autres. Pendant son séjour à Giverny, Ritman est devenu particulièrement proche de Frieseke qui est à la fois son ami et son mentor artistique. Ce dernier, voisin de Claude Monet à Giverny, possède son propre jardin, auquel il accorde à Ritman l'accès pour peindre. Particulièrement inspiré par la végétation et la lumière du lieu, Ritman s’attache à retranscrire les plus belles de ses impressions comme en témoigne « La Baigneuse ». Dans cette œuvre, Ritman se détache de la représentation classique pour se focaliser sur les effets de la lumière se reflétant dans l’eau de la rivière ou bien traversant les branches d’arbres. Avec ses tonalités bleutés et vertes scintillantes, cette scène intimiste est caractéristique du style et de l’univers féerique de l’artiste. Ritman peint ce nu avec des contours adoucis comme s’il ne faisait plus qu’un avec la nature. Cette jeune femme, à l’allure de nymphe semble presque se fondre dans une tapisserie de feuillage, d’eau et de verdure. « La baigneuse » fait partie des plus belles œuvres peintes par Ritman lors de son séjour à Giverny témoignant de l’influence de l’impressionnisme européen sur sa manière de peindre. D’un grand esthétisme, cette toile, teintée de romantisme, est une véritable invitation à la rêverie.