Cette œuvre intitulée Rythme Couleur, réalisée en 1971 par Sonia Delaunay (1885–1979), témoigne d’une maturité artistique où l’abstraction devient un langage autonome, entièrement dédié à la vibration chromatique.

Cette composition est emblématique de la recherche de l’artiste autour du rythme visuel, du mouvement, et de la puissance émotionnelle de la couleur pure. Pionnière de l’abstraction dès les années 1910, Sonia Delaunay, avec son mari Robert Delaunay, a contribué à la naissance de l’orphisme, un courant où la couleur et la lumière deviennent les seuls vecteurs de la sensation. Contrairement aux cubistes qui fragmentent la forme pour l’analyser, Sonia Delaunay libère la couleur de toute contrainte représentative : ici, ce sont les aplats de teintes franches, juxtaposés et superposés, qui orchestrent un véritable ballet optique.

Dans cette composition, chaque carré ou rectangle semble vibrer par lui-même tout en dialoguant avec les autres. Le regard circule, porté par les tensions et harmonies entre les rouges, bleus, jaunes, verts, noirs. Une dynamique presque musicale s’installe, d’où le titre de l’œuvre, Rythme Couleur, qui pourrait presque évoquer une partition abstraite. Certaines formes plus douces, notamment les touches circulaires en arrière-plan, viennent suggérer une profondeur, une résonance discrète au sein de l’architecture géométrique. L’année 1971 marque une période où Sonia Delaunay, poursuit inlassablement son exploration de la couleur en mouvement. Elle continue d’expérimenter, fidèle à une vision de l’art total, sans jamais se figer. Cette œuvre n’est pas un simple agencement formel : elle est l’expression sensible d’un monde en perpétuel devenir, une peinture vivante, qui pulse et respire.