
EDOUARD VUILLARD 1868-1940
Marie En Corsage Jaune, 1893
Pastel sur papier
25 x 17 cm
Signé en bas à droite : E Vuillard
Contrairement à d’autres peintres nabis représentant principalement des sujets ésotériques ou religieux, ce sont les scènes d’intérieurs domestiques – par convention le domaine réservé des femmes - qui font avant tout la renommée d'Édouard...
Contrairement à d’autres peintres nabis représentant principalement des sujets ésotériques ou religieux, ce sont les scènes d’intérieurs domestiques – par convention le domaine réservé des femmes - qui font avant tout la renommée d'Édouard Vuillard. Il puise dans son environnement quotidien, des intérieurs parisiens sans prétention qu’il partageait avec sa grand-mère, sa mère avec qui il vécut jusqu’en 1928, sa sœur Marie et son frère Alexandre. La thématique du foyer occupe une place constante dans l’œuvre de Vuillard dont ses proches sont les principaux modèles. Peuplées des personnages et objets familiers, ses toiles à partir de 1890, sont également le reflet de son appartenance au mouvement nabi. Le système de représentation qu’il adopte s’attache à décrire la réalité non pas selon les lois de la perspective centrale, mais selon une formalisation purement subjective et véritablement décorative. Réalisée en 1893 « Marie au corsage jaune, » incarne parfaitement les scènes intimistes réalisées par Vuillard à cette époque. Dans cette œuvre, l’artiste prend sa cadette Marie pour modèle. Tel un observateur extérieur, Vuillard capture un instant de la vie de sa sœur. Vêtue d’une robe jaune et assise sur un fauteuil avec la tête légèrement à gauche, Marie ne pose pas pour le peintre, mais semble perdue dans ses pensées. L’attitude réservée de la jeune fille se retrouve souvent dans les œuvres du peintre. Elle est souvent interprétée comme le reflet des contraintes et des frustrations inhérentes à sa position de jeune femme encore nubile. En effet, à cette époque Marie, travaille comme couturière pour Mme Vuillard mère, avec qui elle entretient une relation parfois houleuse. L’intimité qui se dégage de cette scène est caractéristique des œuvres de Vuillard et aux principes de la peinture nabi consistant à réduire la peinture à des signes et des surfaces. Le peintre n’utilise aucune technique de représentation dans l’espace, aucun volume, aucune perspective. C’est la couleur qui est le fil conducteur de sa pensée. Vuillard compose son dessin à partir de larges aplats de pigments purs directement appliqués sur la réserve du papier, technique rappelant les estampes japonaises. A cette époque, les œuvres de Vuillard et des Nabis ont été fortement influencées par les estampes japonaises exposées à Paris à la galerie du marchand d'art Siegfried Bing, et lors d'une grande exposition à l'École des Beaux-Arts en 1890. L'influence japonaise apparaît particulièrement dans son travail dans la négation de la profondeur, la simplicité des formes, et les couleurs fortement contrastées. Vuillard accorde peu d’importance aux détails physique de sa sœur qu’il préfère suggérer plutôt que de décrire. Le corps de la jeune femme semble ainsi se fondre dans le décor participant à un ensemble décoratif né d’une scène intimiste où la bougie allumée est le seul objet clairement défini.
Provenance
Galerie Berès, Paris.
Ancienne collection de Monsieur et Madame Grodtmann, Suisse.
Expositions
Lausanne, Fondation de l’Hermitage, Vuillard et l'Art du Japon, 23 juin - 29 octobre 2023.Catalogues
Antoine Salomon, Guy Cogeval, Vuillard : le regard innombrable : Catalogue critique des peintures et pastels, vol.1, Skira, Seuil, Wildenstein Institute, Paris, Milan, 2003, p.287, n° IV-111.1
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