Cet autoportrait saisissant, représente Édouard Vuillard vers l’âge de 30 ans lors d’un séjour à Villeneuve-sur-Yonne. Situé en Bourgogne, cette ville fut le repère du groupe de peintres nabis. Bonnard, Vallotton et Vuillard y séjournent chaque été dans la maison de Thadée Natanson, propriétaire de la « Revue blanche » et sa femme, Misia Godebska, muse de nombreux artiste. Daté des années 1897 – 1899, cet autoportrait conserve des éléments naturalistes permettant d’identifier irréfutablement l’artiste. Placé devant un miroir, Vuillard se représente ici grandeur nature, légèrement de trois quart et le regard en direction du spectateur. Dès sa jeunesse, il se montre attiré par la distance émotive que permet l’image reflétée. Tout au long de sa carrière, il choisit toujours la même double expression dans ses autoportraits : une discrète inquiétude alliée à la gêne d’être regardé mêlée à une extrême maturité. Vuillard adopte une mise en page classique montrant sa persistance à interroger sa personnalité en construction. La touche est rapide mettant uniquement en évidence les caractéristiques physiques qui lui sont propres telles sa longue barbe rutilante, son puissant regard et son front proéminent. En se focalisant uniquement sur son visage, il créer un effet d’attraction lui permettant ainsi de porter peu d’attention au reste de la composition. La palette de couleur est restreinte, elle se compose essentiellement de tons orangés, bruns et rosés et de gris foncé. Vuillard n’hésite pas à utiliser la réserve du carton pour construire son visage. Cette économie de moyen est volontaire, elle permet à l’artiste de créer une œuvre intimiste révélatrice de sa personnalité.